C’est l’acte majeur du roi Henri IV car il institue la coexistence religieuse entre catholiques et protestants et impose la paix en France après 36 ans de guerre civile. C’est une première en Europe : un sujet peut épouser une religion différente de celle de son souverain.
Un acte de souveraineté
C’est un acte de souveraineté voulu et imposé par le roi Henri IV, en dépit de nombreuses difficultés. Son but immédiat est la paix civile, mais son objectif avoué reste l’unité religieuse du royaume. Dans le préambule, le roi souhaite que « l’établissement d’une bonne paix » permette à ses « sujets de la religion prétendue réformée » de revenir à la « vraie religion », la sienne, « la religion catholique, apostolique et romaine ».
L’élaboration de l’Édit a été une affaire très délicate. Elle a nécessité de longues négociations. Il s’agissait de rassurer tant les catholiques que les protestants et de redonner confiance à tous. Il en résulte un compromis. L’Édit institue l’égalité civile entre catholiques et protestants, il fixe les conditions de coexistence entre catholiques et protestants, mais la pratique du culte protestant est limitée.
On l’oublie très souvent, l’Histoire de France a compté un roi protestant durant quatre ans : Henri de Navarre devient Henri IV à l’assassinat d’Henri III le 2 août 1589 et ne se convertit au catholicisme que le 23 juillet 1593 en abjurant à Saint-Denis.Et quand le Duc Mercœur, leader de la Sainte-Ligue catholique à Nantes accepte sa reddition seulement six ans plus tard, le roi Henri IV fait son entrée le 13 avril 1598 par la porte Saint-Pierre à « six heures du soir, sans cérémonie officielle, mais à cheval, en armes et botté, se rendant tout aussitôt au château pour y signer l’Édit qui porte le nom de la ville.
Où fut signé l’Édit de Nantes ? Probablement au château des Ducs de Bretagne. On sait que des négociations commencèrent auparavant à Nantes dans la maison d’un négociant, André Ruys, demeure appelée « Maison des Tourelles » détruite lors du bombardement aérien le 23 septembre 1943, située sur l’emplacement de l’actuelle médiathèque et dont d’anciennes cartes postales nous ont conservé l’image.



Au siècle suivant, de la signature de l’Édit à sa révocation
Pendant son règne, Henri IV veille à l’application de l’Édit de Nantes. Il permet même aux protestants de Paris de se réunir à Charenton, soit à moins de cinq lieues de la capitale.
Sous Louis XIII, les protestants perdent leurs places fortes et ne dépendent plus que du bon plaisir du roi.
Le début du règne de Louis XIV (de 1643 à 1660) est une période de paix religieuse, mais à partir de 1660, lorsque Louis XIV exerce personnellement le pouvoir, l’Édit de Nantes est appliqué de façon restrictive. En 1680, les persécutions commencent. Les dragons répandent la terreur pour obtenir des conversions forcées, c’est le temps des dragonnades. En 1685, le roi signe à Fontainebleau l’Édit de révocation de l’Édit de Nantes. Il considère que la plupart des protestants sont devenus catholiques.
Sources : http://www.museeprotestant.org/notice/ledit-de-nantes-1598/