Les grandes figures protestantes de Nantes
Les DOBRÉE sont certainement les plus célèbres des protestants nantais.
Les Dobrée, armateurs et négociants du début du XIXe siècle, forment une dynastie bien connue des Nantais.
Le passage de ces protestants originaires de Guernesey a laissé de multiples traces dans le patrimoine de la ville, depuis les forges de Basse-Indre (aujourd’hui la DCSN) jusqu’au remarquable musée Dobrée, confié au département et à la cité par l’ultime héritier, Thomas 2 (1810-1895).
– L’aïeul, Pierre-Frédéric, est un « protestant des Lumières », ce qui ne l’empêche pas de participer à la traite négrière en s’alliant avec Benjamin TROTTIER.
– Le fils, Thomas 1, industriel négociant, est au contraire un fervent abolitionniste de la traite des noirs et un grand philanthrope. Il œuvre au sein de la Société de la Morale Chrétienne.
Le petit-fils, Thomas 2, calviniste « orthodoxe », est le collectionneur d’œuvres d’art bien connu qui a légué à la ville une immense fortune et le musée qui porte son nom.
Le neveu et gendre (moins connue), Thomas-Godfrey, évangélique du « Réveil », initiateur de plusieurs sociétés évangéliques.
Tous sont membres actifs au sein du consistoire après 1802.
Les politiques
Les maires et députés
Ferdinand Abraham FAVRE, maire de Nantes de 1832 à 1865, avec une interruption pendant la Seconde République, député de la Loire-Inférieure (1848-1857) puis sénateur du Second Empire (1857-1867).
Originaire de Suisse, il fait partie des dynasties d’indienneurs (toiles imprimées) qui employèrent jusqu’à 40% des ouvriers de Nantes dans la seconde partie du XVIIIe siècle.
Orléaniste, puis bonapartiste, il est maire pendant 33 ans et président du Conseil Général de la Loire-Inférieure à partir de 1852.
On lui doit l’arrivée du chemin de fer, le jardin des plantes (féru de botanique, il s’est personnellement occupé de l’acclimatation du camélia, plante à laquelle il voue une véritable passion), l’amélioration du port, la fondation la ligne de paquebots « Nantes-Antilles ».
Il est un membre influent du consistoire.
Julien-Charles LECHAT maire de 1874 à 1881.
Républicain modéré, professeur agrégé de lettres, membre par alliance de la famille protestante « Philippe » et directeur de la conserverie « Philippe et Canaud ».
On lui doit la création de l’actuel lycée Jules Verne.
Membre fondateur de la Société des sciences naturelles de l’Ouest de la France.
Paul BELLAMY maire de 1910 à 1928 est le fils de Louis-Édouard Bellamy (né en 1835) et de Pauline-Lucie DURAND-GASSELIN (1843-1923), fille d’HIPPOLYTE DURAND-GASSELIN, architecte qui participa à la construction du passage Pommeraye.
Avocat, républicain socialiste, il est aussi président du consistoire protestant de l’ouest, élu député et fondateur de l’Association des Maires de France.
Il est à l’initiative des grands travaux de comblements de La Loire dans un souci d’hygiénisme social.
Jean Simon VORUZ, industriel fondeur, Suisse naturalisé en 1849.
Son frère Pierre-Samuel est tué place Louis XVI lors des journées révolutionnaires de 1830.
Président du Conseil des Prud’hommes, Président de la Chambre de Commerce, membre du Conseil municipal.
En 1859, il devient député bonapartiste au Corps législatif pour la seconde circonscription de la Loire Inférieure (contre un autre protestant Nicolas CEZARD) et est nommé, en 1861, Chevalier de la Légion d’Honneur.
Jean Simon VORUZ développera une entreprise industrielle ancêtre des ACB (Ateliers et Chantiers de Bretagne).
Son œuvre est immense : l’entreprise comptera 1600 salariés et équipera les chemins de fer, des plaques d’égout ou de voirie pour la commune. Ainsi, les premières mitrailleuses françaises sont fabriquées par Voruz.
A Nantes on lui doit les statues de la fontaine de la place Royale, l’escalier du passage Pommeraye, le Pont St-Mihiel, et à Paris le célèbre Rhinocéros du Trocadéro.
Membre actif du consistoire.
Gustave Roch, avocat né le 10 mars 1844 à Aigrefeuille-sur-Maine, mort le 12 août 1923 dans sa ville natale.
En 1892 conseiller municipal de Nantes sur la liste républicaine et désigné comme adjoint au maire.
De 1893 à 1919, il est élu Député de la Loire-Inférieure à la Chambre des députés au sein du groupe de la Gauche radicale.
Maurice Sibille, fils d’un avoué, ingénieur issu de l’École des mines, il devient avocat.
Adjoint au maire de Nantes, il est conseillé d’arrondissement en 1875 et conseiller général en 1880.
Il effectue une longue carrière de député pendant 33 ans pour la Loire-Atlantique de 1889 à 1932 sur les bancs des républicains modérés et radicaux.
Il est membre du conseil supérieur du travail.
Il s’oriente ensuite vers les travaux publics, rapporteur du budget, puis président de la commission des travaux publics dans les années 1920.
Il ne se représente pas en mai 1932 et meurt quelques semaines plus tard.
Il sera un membre actif du consistoire dont il sera un temps secrétaire à la fin du XIXe siècle.
Enfin, il est le rédacteur méconnu du deuxième article de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État.
Les industriels
Les SAY, CEZARD, ETIENNE (Sucreries), BURGELIN (Brasserie de la Meuse), John SCOTT, fondateur des chantiers navals de Saint-Nazaire, De CONINCK (négociants et armateurs), CASSEGRAIN pour la conserverie tout comme PHILIPPE ET CANAUD, VORUZ (op.cit.) pour la métallurgie, DURAND-GASSELIN
… et bien d’autres plus anonymes.
Pour plus de détails, nous recommandons le site remarquable du professeur Jean-Yves CARLUER « Protestants Bretons ».
Musée Dobrée à Nantes
Thomas Dobrée
Ferdinand Favre
Paul Bellamy
Voruz
Le Rhinocéros (par Voruz)
John Scott
Gustave Roch
Maurice Sibille
Un camélia, emblème de Nantes
Le Passage Pommeraye de Nantes